À voix haute

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Newsha Tavakolian, Portrait of singer Sahar Lotfi, Tehran, Iran, 2010 © Newsha Tavakolian / Magnum Photos

Avec Lawrence Abu Hamdan, Juan-Manuel Echavarría, l'Encyclopédie de la Parole, Myriam Van Imschoot, Steffani Jemison, Katia KameliChristine Sun KimCamille Llobet, Violaine Lochu, Newsha Tavakolian.

Commissariat Ninon Duhamel

 « La voix est décrite et située tantôt entre nature et culture, corps et langage, parole et musique, entre l’intimement personnel et le profondément social, symbole de la condition humaine et marque de l’identité individuelle (…) »1 

Dès les premiers babillages, la voix s’exerce, se module et se transforme comme une matière malléable. Indissociable de l’enveloppe corporelle, elle émerge de contrées organiques et intimes, pour se faire l’écho de ce qui nous traverse. En Iran, depuis la révolution islamique en 1979, les femmes n’ont plus le droit de chanter en public en tant que solistes, à moins d’être accompagnées, voire recouvertes, par des voix masculines. Leur chant, considéré par les instances morales et religieuses comme un appel au plaisir des sens, est condamné au silence, confiné dans l’espace clôt et privé de la maison.
Si la voix peut faire l’objet d’une telle censure, à cause de son lien au corps et de l’émotion qu’elle déclenche, c’est qu’il s’y loge quelque chose qui la dépasse, et qui s’énonce à travers elle : avoir une voix, c’est exercer sa subjectivité.

« Donner sa voix à un candidat », « avoir voix au chapitre », « écouter la voix du peuple »… de nombreuses expressions dénotent cette analogie entre voix, parole et pouvoir. En ethnomusicologie, l’étude des phénomènes vocaux, des formes de chants, de cris, de clameurs pratiquées à travers le monde nous renseigne sur les rapports entre musique et société : quelle que soit la forme qu’il prend, le « geste vocal » revêt toujours une signification, une fonction sociale, symbolique, thérapeutique, religieuse ou politique.

Pour Claire Gillie, psychanalyste et docteure en anthropologie, « la musique de la voix fait signe avant même le langage »2 : par sa tonalité, son accent, son grain, son rythme, elle donne à entendre quelque chose de ce que nous sommes. Liée au corps, au geste et à la langue, elle est une empreinte, révélatrice de nos identités, de nos trajectoires individuelles, mais aussi de notre appartenance à une société. Qu’elle soit parlée ou chantée, murmurée ou criée, écrite ou traduite sous la forme de gestes, de signes et de mouvements, la voix est un outil de parole.

L’exposition À voix haute est une réflexion sur ce que la voix dit, ce qu’elle transmet, ce qu’elle signifie suivant les contextes, les histoires, les espaces. Du Raï algérien aux Yodles allemands, en passant par le Mime Gospel afro-américain, le babillage enfantin, le cri révolutionnaire, la langue des signes… cette exposition rassemble une diversité de formes vocales, documentées ou produites par des artistes internationaux, d’origines et de générations différentes. Leurs travaux abordent la voix comme un matériau, à la fois plastique et sonore, mais aussi comme un moyen d’expression où s’entrecroisent récit individuel et histoire collective. Sous la forme d’installations, de vidéos, de dispositifs sonores, de dessins et de partitions, les œuvres réunies ici font résonner des problématiques culturelles, sociales et politiques.

1. Joëlle Deniot (dir.), Dire la voix, approche transversale des phénomènes vocaux, L’Harmattan, 2000, p. 14
2. Claire Gillie-Guilbert, Et la voix s’est faite chair… Naissance, essence, sens du geste vocal, in Cahiers d’ethnomusicologie (version en ligne), n° 14, 2001, p. 24
Visuel d'illustration : Newsha Tavakolian, Iran (détail), 2010 © Newsha Tavakolian / Magnum Photos
Visuel de l'article : Newsha Tavakolian, Portrait of singer Sahar Lotfi, Tehran, Iran (détail), 2010 © Newsha Tavakolian / Magnum Photos

La presse en parle

Retrouvez l'article de Marie de La Fresnaye, pour le magazine Artaïs n°24

Autour de l'exposition

Les événements

Vernissage

Samedi 25 janvier, de 17h à 20h. En présence des artistes.
À 17h30 et 18h30, Cocktail en.chant.é, performances vocales et lyriques d'Elsa Tirel (soprano) & Amélia Chille (piano).

Du chant à la vie, il n’y a qu’un souffle. La soprano investit l’exposition accompagnée d’une femme orchestre.
De l’opéra au jazz, en passant par des mélodies et oratorios, ce duo souligne avec minutie et coquinerie les différentes facettes de l’art vocal et lyrique.
Au cœur de ce panorama, les styles et les époques se croisent au travers de compositeurs comme Isabelle Aboulker, Jean-Sebastien Bach, Vincenzo Bellini, Antonin Dvorak, Gabriel Fauré, Jerry Herman, Wolfgang Amadeus Mozart, Michel Legrand, Francis Poulenc, Giacomo Puccini, Albert Roussel, Franz Schubert, George Shearing ou encore Antonio Vivaldi.

Les midis de l'auditorium

Mardi 25 février, 12h, à l'Auditorium du Conservatoire.
Conférence de 15 min. autour de la voix, par Elsa Tirel, professeure de chant au Conservatoire

Clôture-cinéma
Samedi 7 mars, 17h. à l'Auditorium du Conservatoire.
Projection du film documentaire No land's song d'Ayat Najafi, dans le cadre du festival Les Images Vagabondes.
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Journée professionnelle

Face aux œuvres : de la perception à la transmission

avec Camille Llobet, plasticienne et Mathilde Jolivet, formatrice, experte en accessibilité culturelle et chargée de mission « culture et handicap » pour le Ministère de la culture.

Dédiée à tous ceux qui accompagnent les publics dans la découverte de l’art contemporain, ce programme invite deux professionnelles à partager leurs expériences et réflexions au travers d’interventions participatives où la pratique sera le mot d’ordre. 

En savoir plus sur la journée professionnelle

Les visites

 

Afin de préparer ou prolonger votre visite de l’exposition l'équipe de La Graineterie vous proposait l’outil qui vous convenait : dossier pédagogique, guide de visite ou livret jeu.

Autour de l'exposition l'équipe de médiation et d'action culturelle a proposé plusieurs visites tous publics dont la visite 15 minut' chrono, la visite Grand format (avec artistes et commissaires), des visites de groupe scolaires, périscolaire, associatives...

La Fabrique

Autour de l'exposition l'équipe de médiation et d'action culturelle a proposé le parcours sensoriels des Matinales aux assistantes maternelles ainsi qu'au tout public entre 6 et 36 mois, des ateliers découvertes les P'tites mains durant les vacances scolaires, ainsi que le dispositif Au fil des saisons et ateliers de suivi avec des groupes.

 

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Infos pratiques

Quoi
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Tout public
Entrée libre
Quand
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25jan 7mar
Mardi, jeudi et vendredi : 15h > 18h. Mercredi et samedi : 10h > 13h ; 15h > 18h
Comment
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Accessible pour personnes
à mobilité réduite
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Gare de Houilles/Carrières-sur-Seine
Bus 162, arrêt "Les Blanches"
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