Expositions d'automne à La Graineterie Hanna Kokolo + Morgane Baffier

Lauréate de la dernière Biennale de la jeune création, Hanna Kokolo déroule son œuvre comme une fiction dont l’héroïne est son homonyme.

Hanna Kokolo a fait un rêve : l’histoire d’un message imposé, tagué dans un espace d’exposition investi par ses œuvres : « Tatoo A Fama ».
Fama est une déesse romaine, que l’on la reconnait avec ses deux trompettes ; une courte dédiée aux ragots et une longue pour la renommée. Ragots en écho à Hanna Kokolo qui déroule son œuvre comme une fiction dont l’héroïne est son homonyme. Par l’oralité, l’écrit et la mise en scène d’un récit commun et personnel, l’artiste alimente, mythifie, et détourne l’H(h)istoire. Sa renommée elle la (ré)écrit, la dessine, la (d)écrit, et la raconte, elle la tatoue et l’(a)encre sur les murs de la Graineterie comme sur sa peau. Ses doubles homonymes la détournent et la transforment, Hanna Kokolo « Capable de se cloner. De reproduire son soi à l’identique. De multiplier son unique identité à l’infini. ».

Pour son exposition à la Graineterie « Tatoo A Fama », Hanna Kokolo nous accueille par l’incipit du récit fleuve de son personnage éponyme puis raconte un nouveau récit qui réinvente l’histoire de l’odyssée de l’Homme vers la Lune.

À la façon d’une fake news engagée et poétique, Hanna Kokolo emprunte les trompettes de Fama et compose tour à tour avec l’instrument de la renommée et celui de la rumeur. L’artiste et son double personnage se confondent, se répondent, et nous content une histoire que l’on pourrait croire.

Morgane Baffier élabore des conférences performées, autant poétiques que politiques. Avec un humour corrosif elle détourne le format de la conférence, endossant tour à tour les rôles d’experte ou de néophyte. Elle retourne la hiérarchie des sources d’informations, qu’elles soient véridiques ou fictives, par un détournement de la parole du sachant et de ses codes : tenues vestimentaires, tournures de phrases, adresses au public, tics de langage, outils de monstration (rétroprojecteur, power point, paperboard…). Ce jeu de parodie décortique le « dispositif de la conférence qui donne à tout conférencier l’autorité de l’expert » jusqu’à l’absurde et ainsi gagne le rire et l’adhésion de son auditoire.

Morgane Baffier travaille aujourd’hui sur les retranscriptions de ses conférences-performances. Pour la Graineterie elle imagine une installation vidéo qui matérialise, prolonge voire augmente une nouvelle performance sur « La lettre X ». « La lettre X représente ce qui est mystérieux, ce qui est caché. La lettre X c'est le facteur inconnu, c'est aussi la lettre utilisée pour parler de pornographie. Récemment, Elon Musk a renommé Twitter "X". Mais d'où vient le mysticisme autour de cette lettre ? Et quelles en sont les conséquences ? ».

À l'heure où l'on se demande si les Intelligences Artificielles peuvent remplacer les humains, Morgane Baffier pourra-t-elle se faire remplacer par son avatar ? Peut-on toujours parler de performance, si le performeur n'est pas humain ? Peut-être, mais non sans échapper au phénomène d'uncanny valley[1]...